Avec les changements climatiques, il est de plus en plus difficile de bien conserver notre gibier une fois celui-ci abattu. Il est très malheureux d’apprendre que notre gibier est devenu impropre à la consommation parce qu’il a chauffé ou a été mal conservé, surtout après l’investissement en temps et en argent pour le chasser. Bien que le réchauffement du climat affecte directement nos activités, il est de notre responsabilité de prendre (ou de fabriquer) les moyens disponibles, afin de préserver le produit le plus important de notre chasse, soit notre venaison.
Afin d’éviter de perdre notre précieuse venaison, voici un rappel des étapes de base, ainsi qu’une liste de quelques trucs efficaces en vue de la prochaine saison de chasse.
Un des éléments souvent négligés est le matériel nécessaire au traitement du gibier une fois celui-ci récolté.
À part le couteau de chasse, le kit du parfait chasseur de gros gibier sera principalement composé de :
- Une hache ou d’une scie à viande (ou scie va-et-vient à batterie)
- Des sacs de transport pour les abats, d’étamine (coton à fromage)
- Des cordes, un palan, un traîneau de transport
- Une scie mécanique à l’huile végétale pour la découpe du gibier et d’une autre pour ouvrir un sentier d’accès afin de sortir le gibier de la forêt
- Un VTT muni d’un treuil et d’une remorque de transport.
Bien que j’en oublie certainement et que plusieurs de ces éléments demeurent facultatifs, certains chasseurs ne lésinent pas sur l’aspect du matériel à apporter, car ils reconnaissent l’importance de bien préparer le gibier afin de maximiser sa conservation.
3 étapes pour la conservation
Bien qu’il n’y ait rien de magique dans les étapes de conservation de notre gibier, celles-ci pourraient se résumer en trois grandes règles. La saignée, l’éviscération et le refroidissement.
1) La saignée
Pour le chasseur à l’arc et à l’arbalète, cette étape n’est pas vraiment une préoccupation, car l’animal meurt souvent par hémorragie. Pour le chasseur à l’arme à feu, un tir cœur-poumon fait également le travail. Cependant, pour ceux et celles qui aiment le tir au cou ou dans la tête, il est rare que l’animal se vide de son sang. En sectionnant les artères du cou, avec un couteau, ou près du cœur en coupant l’aorte, cela règle habituellement le problème.
2) L’éviscération
C’est une étape cruciale à la chasse une fois le gibier abattu. Certains spécialistes prétendent que le chasseur a une fenêtre de moins de deux heures afin de procéder à cette étape, mais il faut savoir que cette étape devrait se faire le plus rapidement possible.
Ensuite, lors de l’éviscération, prenez bien soin de retirer le bout d’intestin dans le bassin et l’œsophage dans la gorge de l’orignal qui sont des endroits susceptibles de chauffer rapidement. Si par malheur vous percez la panse lors de son retrait, essuyez rapidement la zone souillée par les matières stomacales ou intestinales avec un papier absorbant. Ne lavez pas à l’eau sous peine de répandre certaines bactéries sur la viande. Si vous n’avez pas le choix, lavez avec un mélange d’eau et de vinaigre et retirez au couteau les parties les plus souillées.
3) Le refroidissement
C’est probablement l’étape la plus difficile à réaliser, surtout si vous n’avez pas accès à une chambre froide. Cette étape a pour but de faire chuter la température corporelle de l’animal, qui avoisine les 38 ºC à moins de 5 ºC. Un tour de force, surtout si nous chassons en pleine chaleur par une température extérieure de 20 degrés ou plus, ce qui n’est pas vraiment rare. La chasse hâtive dans certaines réserves fauniques dès la fin du mois d’août, où la chasse à l’arc ou à l’arbalète dans certaines zones, dès le début septembre, est souvent pratiquée sous de telles températures. Sans accès à une chambre froide, il est pratiquement impossible de prétendre conserver notre gibier adéquatement.
Bien que la chambre froide d’un centre de dépeçage soit l’endroit de prédilection pour suspendre votre gibier afin qu’il refroidisse et que débute le processus de vieillissement, cet endroit n’est souvent pas à proximité de tous les chasseurs.
Pour refroidir l’animal, voici quelques alternatives qui s’offrent à nous
«Palanter» la caracasse
Bien sûr, «palanter» la carcasse ou les quartiers est une pratique courante et bien établie. Il faut cependant s’assurer que la bête est à l’ombre et si possible au vent pour permettre un assèchement rapide. On «palante» par la tête pour bien égoutter les résidus sanguins, pour ensuite suspendre l’animal par les pattes postérieures afin d’évacuer la chaleur du thorax.
Garder la peau sur l’animal
On recommande de garder la peau sur l’animal à cette étape pour protéger la venaison. S’il fait chaud et qu’il y a beaucoup de mouches, l’application abondante de poivre à l’intérieur de la carcasse empêche la pose des insectes et éventuellement la ponte.
Si la chaleur s’installe… trouver de l’ombre et un endroit plus frais
Si l’animal est au soleil, il faut réagir rapidement et trouver de l’ombre et un endroit plus frais. Un sous-bois de résineux « serrés », là où le soleil pénètre rarement, est un bon choix. J'ai « sauvé » quelques orignaux de cette façon. Placez quelques bons rondins de bois sur le sol pour y déposer les quartiers d’orignaux. Ensuite, après avoir saupoudré de poivre les sections de viande exposées, vous pouvez déposer des branches d’épinettes ou de sapins sur les quartiers et les envelopper d’étamine (coton fromage) pour ainsi éviter que les mouches se frayent un chemin.
Selon les facilités des lieux, il est aussi possible de mettre le gibier dans une chaloupe et de l’envoyer au large, exposée au vent et à la fraîcheur relative produite par la masse d’eau. Cependant, elle restera ainsi au soleil, malgré nos efforts et la soi-disant fraîcheur du plan d’eau peut être même inexistante. En résumé, ce que ça prend, c’est de l’ombre et du vent en attendant de transporter l’animal vers une chambre froide.
Couper court à notre séjour si le gibier ne se refroidit pas
À ce moment, si la température ne se refroidit pas, il faut prendre une décision. À cause de la tendance aux réchauffements climatiques, nous sommes poussés à prendre des actions pour préserver notre gibier, et une de ces actions serait de couper court à notre dispendieux séjour en l’abrégeant par le transport de nuit de notre gibier.
Privilégier le transport de nuit
Le transport de nuit évite l’exposition au soleil, les ralentissements dus au trafic diurne (si vous devez passer par un grand centre) et la présence des mouches. J’ai sauvé plusieurs gibiers en empruntant cette stratégie, tout comme j’en ai perdu un en ne respectant pas ces conseils.
Utiliser une remorque fermée et réfrigérée
La remorque fermée et réfrigérée est une alternative efficace transportable jusqu’à votre lieu de chasse. À moins d’être disponible en location, elle peut toutefois s’avérer coûteuse. Autant tard au printemps pour la chasse à l’ours que tôt à la fin de l’été pour l’orignal, elle dépanne vraiment. Assurez-vous qu’elle fonctionne avec une génératrice lorsque loin de l’électricité usuelle.
Chasseur généreux
Enfin, il existe le programme Chasseur généreux. Les chasseurs qui récoltent un gros gibier (orignal, ours ou cerf de Virginie) peuvent l'apporter chez un boucher certifié Chasseurs généreux et font un don de quelques livres, ou de la bête complète. Le fonctionnement du programme repose sur la participation de bouchers certifiés, sur la générosité des chasseurs d’ours, d’orignal et de cerf, ainsi que sur le réseau panquébécois des organismes membres des BAQ qui distribuent la viande localement.
Pour en savoir plus ou si votre boucher ne fait pas partie de Chasseurs généreux, incitez-le à s’inscrire via le site web chasseursgenereux.com
Chroniqueur, animateur télé et expert dans les domaines de la chasse, pêche et ornithologie.
Articles par Sylvain LessardInscrivez-vous à l'infolettre Latulippe et demeurez à l'affût de nos nouveautés et nos promotions.
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