Redécouvrir une passion : la chasse au lagopède des saules

J’adore la chasse au petit gibier. C’est définitivement ma chasse préférée, et ce, depuis que j’ai 12 ans. Avant cet âge, j’accompagnais mon père afin de porter renfort dans les battues et j’attendais avec fébrilité d'avoir l'âge pour enfin y participer plus activement.

J’ai toujours aimé parcourir les forêts, chercher des indices, fouiller les talles de ronces, regarder sous les conifères, être attentive à tous les mouvements, signes, sons et chercher des pistes fraîches sur la neige.

Je n’avais toutefois jamais eu la chance de chasser le lagopède : cet animal quasi mythique aux allures de griffon avec ses pattes poilues.

Je suis définitivement tombé en amour !

La chasse au lagopède est une chasse d’observation comme je les aime. Il faut débusquer ces petites bêtes bien cachées avec leur camouflage d’occasion. Je vous propose donc une incursion dans ce petit voyage de chasse inoubliable.

Qu’est-ce que le lagopède ?

Les lagopèdes font partie de la même sous-famille que les gélinottes et les tétras soit les Tetraoninae. Ceux-ci se retrouvent un peu partout dans l’hémisphère nord quoique certaines espèces, comme le lagopède, préfèrent les milieux plus nordiques. D’ailleurs, au Québec, on retrouve normalement le lagopède des saules et le lagopède alpin au nord de la province.

Toutefois, en hiver, il migre plus au sud afin d'atteindre sa zone d'alimentation hivernale. Cette zone correspond approximativement au nord des régions de l'Abitibi-Témiscamingue, des Laurentides, du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord). 

Pour beaucoup de chasseurs, il s’agit alors d’un moment privilégié pour avoir plus facilement accès à ce gibier nordique dont la période de chasse se termine le 30 avril.

Fait intéressant, son nom vient du grec lagos (lièvre) et du latin pedis (pied). Toutefois, bien que ses pattes ressemblent à celles du lièvre, elles ne sont pas en fourrure, mais bien entièrement emplumées. Autre fait particulier, contrairement à la gélinotte huppée, le lagopède change de couleur l’hiver et devient tout blanc, comme le lièvre.

Patte de gélinotte et patte de lagopède

2 jours, 1 261 km et beaucoup de plaisir

Trouver du temps pour partir en voyage de chasse est parfois un enjeu avec le travail et les diverses obligations de la vie courante. Toutefois, quand mes acolytes Stéfanie et Mélodie m’ont parlé d’une chasse éclair au nord du Saguenay-Lac-Jean, je n’ai pas pu refuser ! Surtout qu’elles me proposaient une escapade au lagopède des saules !

J’ai donc quitté notre belle région de Québec pour les rejoindre en Mauricie, afin de voyager avec elles vers notre destination finale soit le nord du secteur Dolbeau-Mistassini/Albanel. Pour l’occasion, j’ai opté pour un équipement plutôt chaud (on annonçait -15 degrés et une petite neige dans la nuit), et ce, même si la majorité des moments d’observation se font de la voiture. C’est donc avec mon ensemble hivernal habituel de chasse au petit gibier (manteau et salopette, gants fins, bottes de chasse, raquettes, dossard et tuque orange, couteau, boussole, gibecière), mes permis et un peu de nourriture que j’ai entamé ce séjour. Pour l’occasion, j’ai troqué mon fidèle Alfred (mon 410 à deux coups) pour une arme de calibre 12 (cartouches à grenaille #5 et #6) à pompe (une première pour moi) gentiment prêté par mon amie Mélodie. Il faut savoir que le lagopède possède une toison très dense qui nécessite une charge de poudre élevée, ce qui explique l’utilisation du calibre 12.

Après une nuitée en chalet, nous avons quitté notre logis très tôt afin de profiter de chaque minute de luminosité, et ce, puisque nous devions encore parcourir une centaine de kilomètres avant d’apercevoir les premiers individus. Dans l’auto, nous avions tout l’équipement nécessaire pour survivre en cas de problème (nourriture, tente isolée, outils divers, vêtements de rechange, allumettes/briquets, essence, couvertures/oreillers, trousse de premiers soins, etc.). Rappelons que ce secteur est plutôt sauvage. Il faut donc être très bien préparé et aviser d’autres personnes de notre itinéraire, afin d’obtenir du secours rapidement en cas de problème. Évidemment, la présence d’un radio CB (Citizen Band), d’un téléphone satellite ou d’un appareil de communication satellite (comme SPOT) est l’idéal.

Un jeu d’observation

Tel que mentionné plus tôt, la chasse au lagopède est surtout une chasse d’observation. Il suffit d’être extrêmement attentif aux traces récentes laissées par ces petites perdrix blanches et suivre celles-ci, afin de les débusquer bien cachées dans la végétation. Très souvent, un seul lagopède est localisé rapidement avant que d’autres soient aperçus camouflés non loin. Il faut donc rester extrêmement attentif avant de tirer, afin de ne pas manquer une belle opportunité.

Fait intéressant, la plupart des oiseaux observés lors de notre séjour étaient en groupe de plusieurs individus (entre trois et sept), ce qui nous a permis de récolter plusieurs oiseaux à la fois. De plus, ceux-ci se trouvaient pratiquement toujours près de la route ce qui réduisait la nécessité de porter continuellement des raquettes.

Notre petit séjour éclair nous a permis de récolter 15 oiseaux en sept heures de chasse, alors que la limite quotidienne est de 10 oiseaux par chasseur. C'est une récolte plus que satisfaisante pour une superbe journée entre amies sous un ciel bleu.

Finalement, ce voyage de 1261 km aura été bien récompensé par un succulent souper de lagopède à la sauce aux bleuets.

Crédits photo: Jade Cabana et Stéfanie B. Martel